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soifabattue
4 mai 2008

à propos des choix et d'être heureux

extrait de "entre deux eaux", publié aux éditions Le Coudrier, écrit en duo par ben arès et colette decuyper :

te voilà - par le larmes par les lèvres par les épaules lasses et le ras des limites - te voilà - tu te fantômises tu te gommises  tu t'enlises en profond lac immobile - quelle marine en remonte de frai te lèchera l'oreille et t'enlacera la cheville ?

et toi - étranger - plus de nulle part et pas encore de partout tu ne te souviens pas de toi tortue égarée essoufflée et seule tu t'installes dans l'inquiétude le froid te blesse et l'absence - où situer ta frontière ? où réchauffer la question d'être soi ? ton regard même te dépasse - c'est overbooking au marché de tes gestes - ta langue fourche au-delà du blanc et du noir au-delà du froid et du chaud de l'ici et de l'ailleurs - à chaque jour c'est ta nuit qui recommence

et toi - marqué aux taches de l'exil - tu t'emmaillotes aux linges fourrés à ton odeur - une urgence te retourne - une saison d'écartèlement une parure d'errances intimes au gré de portes sans serrures - de toutes façons tu n'as pas de clef et c'est nu que tu aurais à aller - pourtant – parfois - tu te libères du besoin unique et tu habites ce paysage - tu choisis d'aimer un grain infime de poussière - et tu t'y consacres

il y a le guet debout aux abords des glaces - l'exil te fourmille les méninges - tu hallucines des idées parfaites échafaudes des miracles - la première pierre toujours te manque tu monterais au train en marche mais les marche-pieds sont escamotables et les trains filent tôt matin - mais toi parfois au soir tu parles tu poses tes mots en croix douces sur mon cœur et nous veillons la tête sous l'eau la tête hors du temps - l'errance s'endort en paix sous notre plume

il n'y a pas d'urgence qui tienne - instantanément tu oublies tout tu ne veux rien retenir du présent - c'est mouche importune - son vrombissement te remplit l'air - tu as fermé tes écoutilles posé un panneau "don't disturb" à ta mémoire - et toi pourrais-tu baisser casaque à ta servitude - je te parle par s.o.s j'envoie des ondes aux neurones mais les câbles sont longs et l'écho vient de loin - se souvenir est une menace - toi-même tu sais

et toi  marin de métropole - marin sans mer ni boussole tu énumères les labyrinthes à venir tu chantes par-dessus les ondes radiophoniques - je t'entends tu dis mon nom dans des langues d'ailleurs tu dis mon nom ta voix couvre les notes formatées tu danses en cible redoutable une fidélité qui me bouleverse

et si à nouveau on naissait d'un pari d'un délire en nœuds coulants et si on passait sans mot à dire - on goûterait les goulées du vent - le goût du ciel seul importe et la blessure d'être soi  - et si on accrochait nos peu-de-vie fragiles si encore on mêlait le puzzle de nos sangs - une illusion d'eau dormant nous abreuverait - un nuage bleu lisserait  nos chevelures d'herbe et de verre

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