vive la vie en islande

pourquoi ???

lire d'abord cette chronique rédigée par paul hermant, et entendue ce matin sur radio "la première" - radio belge s'entend !

04.02.09 - 04:51 Nous avions beaucoup regardé les jeunes Grecs en décembre dernier, mais nous avons tout à fait négligé d'observer les Islandaises de janvier.

Vous allez me dire, Serge, l'Europe nous oblige à d'impossibles diagonales, car qui peut embrasser d'un même regard la Grèce méridionale et l'Islande boréale ? L'Islande, vous savez bien, c'est le pays qui est toujours trop à gauche sur les cartes européennes. On en voit parfois une partie, mais le plus souvent, on n'en voit rien. Hé bien, Serge, je vais vous dire : ce n'est pas parce qu'elle est invisible qu'elle n'est pas montrable.

Car l'Islande, ces jours-ci, fait sa révolution. Et nous propose peut-être une vision inédite de la crise, quelque chose à quoi nous n'avions pas pensé : que la crise, ce n'était peut-être pas, après tout, une affaire d'hommes d'affaires, mais une affaire d'hommes tout court. Tellement courts même que certaines Islandaises n'hésitent plus à dire aujourd'hui : « Une fois de plus, les hommes ont tout cochonné et c'est aux femmes de faire le ménage ».

Les derniers jours de janvier, la police a fait marcher les gaz lacrymogènes dans les rues de Reykjavik, c'était une première ou pas loin. Il y avait des gens rassemblés là, devant le Parlement ou le siège du gouvernement de ce pays victime de l'appétit de ceux qu'on appelle « les nouveaux Vikings », les banquiers et les politiques qui ont endetté chaque Islandais pour plusieurs générations et dont on réclame aujourd'hui la tête sur l'air de la Marseillaise chantée, je n'invente rien, par Mireille Mathieu. Mais ce n'est pas pour ça que la révolution islandaise s'appelle la révolution des casseroles, Serge, c'est parce que les femmes sont montées en première ligne.

Ecoutez plutôt : des banquières créent des clubs d'investissement, la chanteuse Björk lance des start-up écologiques, des mères de famille s'occupent de rédiger un nouveau projet de Constitution et l'on vient de nommer une Premier ministre, comment dit-on autrement ?, Johanna Sigurdardottir, sexagénaire et homosexuelle, chef d'un gouvernement intérimaire, chargée d'inventer une paix sociale et de recomposer une économie décente pour un pays qu'un tiers de sa population veut désormais quitter.

Il n'est pas impossible que ce petit pays là demande demain son adhésion à l'Europe. Il faudra un peu se pousser, sur la carte. Mais je me demande, à bien réfléchir, si le contraire ne serait pas plus utile : que l'Europe demande son adhésion à l'Islande. Allez belle journée et puis aussi bonne chance.

et puis allez-y faire un tour, vous ne regretterez rien, non, rien de rien ...