n'ayez pas peur du bonheur

n'ayez pas peur du bonheur, il est au bouthan - et joseph stieglietz s'en soucie

irait-on vers de vrais changements ???

la chronique de paul hermant d'aujourd'hui

Je conduis avec le Bouthan, Pascal, des relations discrètes mais constantes.

Tenez, il y a presque un an, je vous entretenais du BNB, le Bonheur National Brut, un indicateur statistique, vous disais-je, inventé dès 1972 par le roi du Bouthan et qui au contraire du Produit Intérieur Brut vise à évaluer le niveau de vie non seulement à partir du développement économique, mais aussi "de la vitalité culturelle, de la préservation de l'environnement et de ce que l'on recouvre aujourd'hui de ce terme barbare de bonne « gouvernance ». "L'économie corrigée par la culture, avouez, Pascal, on se ferait bien bouthanais" m'étais-je écrié à l'époque.

Et j'attirais votre attention sur le travail qu'avait entrepris, à la demande de Nicolas Sarkozy, l'économiste américain et Prix Nobel mondial Joseph Stiglitz, en vue de trouver un autre système statistique capable d'évaluer la richesse d'un pays et de ses habitants. Hé bien, c'est fait. Joseph Stiglitz a remis son rapport rédigé avec un autre Prix Nobel, Amartya Sen, et un autre économiste, Jean-Paul Fitoussi, entourés de 22 autres experts. Et c'est curieux, mais la sortie de ce document a suscité beaucoup moins de buzz sur Internet que celle du Président dans une usine normande. Vous allez me dire, il s'agit ici de rétablir une autre sorte d'égalité, mais tout de même, Pascal, si on ne veut voir qu'une seule tête, au moins que ce soit celle de Joseph Stiglitz.

Et donc, cet homme là aussi a mesuré. Enfin, il a fabriqué, pour prendre les mesures de l'état et des performances des pays, d'autres instruments statistiques que le PIB, ce chiffrage exaspérant de la production marchande comme seul horizon de la croissance humaine. Et il s'est demandé, par exemple, en quoi la production de biens qui, dit-il, peut être aussi destructrice pour la planète, traduirait une bonne santé économique et pourquoi, à l'inverse, la vitalité du secteur non-marchand, l'état de l'environnement ou l'avis que nous avons de notre propre bonheur et de notre bien-être, au travail, par exemple, ne le démontreraient pas non plus. C'est peut-être pas encore tout à fait complet, mais enfin ça change un peu les perspectives.

Et on n'oserait pas, Pascal, demander l'avis de France Télécom sur cette question. Enfin si, on peut le lui demander : il suffit de regarder sa cotation en Bourse. L'action qui baissait depuis un an a repris des couleurs depuis une semaine. On connaissait déjà l'effet des licenciements sur la cote d'une action. C'est très bien que l'on puisse mesurer aussi ce qui se passe quand les employés se congédient eux-mêmes. Ah dites, Pascal, c'est encore loin le Bouthan ? Allez belle journée et puis aussi bonne chance.