la bafouille
le dernier thème de la bafouille, revue épistolaire, me plaisait : lettre à mon poisson pilote - d'abord j'aime les poissons presque autant que les éléphants
tabata était avec moi le dimanche de lecture
et le texte :
je me souviens de tout tu sais
et je n'ai plus de miroir
les poissons ne sont pas de bons pilotes
leur séduction est redoutable
ils ne savent pas la limite
ils nagent aux grandes eaux du désir
je me souviens tu sais
j'ai croisé d'autres félins que toi
qui n'avaient ni ta voix
ni tes gestes ni ton regard
leur fuite jamais ne fut improbable
je me souviens de tout
j'ai d'autres patiences
dans ma chambre qui n'est pas close
je me voue aux listes j'écris des mots
j'en remplis des feuilles de papier
que je relie de fils noirs
je me souviens de tout
et je n'y voyais rien
qui croirait que les poissons sont tenaces
qui saurait combien obstinément ils pèsent
qui suivrait leurs prénoms de paquebot
je me souviens aussi
mes pensées sont restées d'eaux
et mes gares maritimes
les murs m'insupportent
et les fenêtres qu'il faut
fermer quand l'hiver vient
j'écris le mot flou
j'écris le mot poursuite
et quelques autres encore
je les garde pour plus tard
un temps nouveau de grandes nuits
je me souviens de tout tu sais
et je ne t'écrirai plus